Budget 2026 : ce n'est pas le" grand soir" de l'immobilier
Le mardi 14 octobre 2025
Immobilier et économie
Présenté comme le budget du « redressement des comptes publics », le projet de loi de finances pour 2026 ne marquera pas le renouveau de la politique du logement. Ni choc d’offre, ni réforme du statut du bailleur privé, ni relance de la construction : le texte reste silencieux sur les leviers nécessaires pour sortir la filière de la crise. À la place, une succession d’ajustements fiscaux et techniques, parfois lourds de conséquences, qui traduisent une priorité de rigueur budgétaire plutôt que de relance immobilière.

Projet de loi de finance 2026
Une révision des valeurs locatives à surveiller
La révision générale des valeurs locatives des logements, attendue depuis plus d’un demi-siècle, entre dans sa phase opérationnelle. Le PLF 2026 précise les mécanismes de neutralisation censés éviter une envolée des taxes locales lors de la mise à jour des bases cadastrales, inchangées depuis les années 1970. Les collectivités devront appliquer des coefficients de compensation pour lisser les écarts entre anciennes et nouvelles valeurs.Mais, dès 2028, ménages et bailleurs pourraient découvrir des hausses de taxe foncière très différenciées selon les territoires — une réforme jugée nécessaire, mais politiquement périlleuse.
Holdings patrimoniales : une nouvelle taxe à 2 %
Le gouvernement introduit par ailleurs une taxe sur les actifs non professionnels détenus via des holdings patrimoniales.
Le taux, fixé à 2 %, s’appliquera dès lors que la valeur des actifs (immobiliers ou financiers) dépasse 5 millions d’euros et que plus de la moitié des revenus provient d’activités dites « passives » — loyers, dividendes, placements.
Les holdings opérationnelles resteront exclues, mais les SCI patrimoniales pourraient être concernées.
Une mesure avant tout symbolique, peu génératrice de recettes, mais qui envoie un signal politique à l’égard des détenteurs de gros patrimoines immobiliers.« Nous voulons une société où il est bon de travailler, de réussir et d’innover. Mais nous devons aussi être vigilants au consentement à l’impôt », a justifié le Premier ministre, Sébastien Lecornu, dans sa déclaration de politique générale.
MaPrimeRénov’ : recentrage assumé, ambitions en recul
Pilier de la transition énergétique du parc résidentiel, le dispositif MaPrimeRénov’ est à son tour révisé.
Le PLF 2026 acte un recentrage des aides sur les rénovations globales et les ménages modestes, au détriment des gestes isolés (changement de chaudière, isolation ponctuelle…).
Le gouvernement invoque une recherche d’efficacité énergétique à budget constant, mais les professionnels y voient surtout une baisse déguisée des moyens.
Faute de financements suffisants, plusieurs milliers de chantiers pourraient être reportés, fragilisant un pan entier de la filière rénovation.
Et sur le logement?
Rien, dans le texte, ne répond aux attentes des acteurs du logement. Aucune mesure de relance de la construction, aucune refonte du statut du bailleur privé, aucun allègement fiscal pour les revenus locatifs, ni soutien particulier au logement intermédiaire ou à l’accession à la propriété. Le PLF 2026 s’inscrit dans une logique strictement budgétaire.
Le logement, pourtant au cœur des déséquilibres économiques et sociaux français, y demeure une variable d’ajustement, non une priorité politique.