Forum Trampoleen - Immobilier : entre reprise fragile et incertitudes structurelles
Le vendredi 1 août 2025
Immobilier et économie
Réunis lors du forum Annuel Trampoleen, Pierre de Buhren, Directeur Général d’ Empruntis, Robin Rivaton, économiste, CEO Stonal et Loïc Cantin Président de FNAIM ont dressé un état des lieux d’un marché immobilier français et européen encore marqué par la crise, mais qui semble amorcer une timide reprise.
Photo du formum
Des taux appelés à se stabiliser
Pour l’économiste Robin Rivaton le resserrement monétaire de 2022-2023, « la plus forte remontée des taux d’intérêt de l’histoire économique moderne » appartient désormais au passé. L’inflation en zone euro devrait revenir durablement sous les 2 %, portée par la modération des prix de l’énergie et la pression déflationniste venue de Chine.
Cette perspective plaide pour une normalisation progressive des taux directeurs, favorable à l’immobilier. Mais la France reste sous surveillance : l’endettement public, plus élevé que chez ses voisins, pèse sur les taux longs et accroît le risque d’un « accident de crédit ».
Les banques rouvrent le crédit
Pierre de Buhren souligne une « anomalie » du marché : des crédits immobiliers parfois octroyés à un taux inférieur à celui auquel emprunte l’État. Les banques, longtemps accusées de freiner l’accès au crédit, ont rouvert les vannes depuis quelques mois, profitant d’un contexte plus apaisé.
La production de prêts, tombée à 114 milliards d’euros en 2023, repart progressivement, mais de manière inégale : les primo-accédants retrouvent des marges de manœuvre, tandis que les seconds accédants restent pénalisés par des prix encore trop élevés dans les grandes agglomérations.
Une reprise des transactions, mais un marché déséquilibré
Du côté des professionnels et de la FNAM, Loic Cantin observe un regain d’activité : environ 10 % de transactions supplémentaires attendues en 2025 par rapport à 2024, grâce à une baisse des prix de l’ordre de 10 à 14 %.
Cette reprise reste toutefois fragile. « La crise du logement est d’abord structurelle », rappelle-t-il, évoquant un déficit de construction et l’absence d’une stratégie nationale de long terme. « L’ancien survivra, mais l’offre de logements sociaux et intermédiaires demeure insuffisante. »
La donnée, un enjeu central
Les intervenants s’accordent sur l’importance croissante de la technologie et de la donnée pour éclairer les décisions. L’absence d’outils d’observation fiables, notamment sur l’encadrement des loyers, témoigne des lacunes françaises. « Sans maîtrise de la donnée, nous avançons à l’aveugle », estime Quentin [Nom], appelant à mobiliser la société civile et les experts pour guider les politiques publiques.
Aussi, le constat est nuancé : si la détente monétaire ouvre une fenêtre de respiration, les déséquilibres structurels du marché français demeurent entiers. La crise du logement, plus profonde que la crise conjoncturelle de 2023, appelle des réponses de long terme que le pays peine encore à définir.