Quelle semaine, quelle époque...
Le lundi 13 octobre 2025
Immobilier et économie
Difficile de décrypter la vie politique française tant elle semble évoluer au gré des vents. La semaine dernière encore, nous tentions d’anticiper l’impact de la nomination du gouvernement Lecornu, d’identifier le ou la future ministre du Logement, et de mesurer comment cette instabilité politique pouvait peser sur un marché immobilier en quête de visibilité.

Vincent Jeanbrun
Cette semaine, la prudence reste de mise. Vincent Jeanbrun, 41 ans, ancien maire de L’Haÿ-les-Roses et député du Val-de-Marne, vient d’être nommé ministre de la Ville et du Logement. Candidat malheureux aux législatives de 2022, il s’était fait connaître du grand public après l’attaque de son domicile durant les émeutes de 2023. Un épisode tragique qui avait fait de lui le symbole d’une droite « des banlieues », prônant le retour de l’autorité républicaine.
Contrairement aux attentes du secteur, Valérie Létard n’a pas été reconduite. Son parti, l’UDI, fondé par Jean-Louis Borloo, a en effet refusé de participer au nouveau gouvernement, tout en lui apportant un soutien de principe.
Demain, le Premier ministre présentera sa déclaration de politique générale. Plusieurs motions de censure seront déposées. Si l’une d’elles recueille une majorité des suffrages, le gouvernement Lecornu II sera contraint à la démission, un scénario qui prolongerait encore la période d’incertitude politique.
Par ailleurs, le nouveau ministre du Logement fait déjà l’objet de polémiques. En 2024, le parquet de Créteil a ouvert une enquête préliminaire pour prise illégale d’intérêts et concussion, dans le cadre de l’attribution de logements à des collaborateurs d’un syndicat intercommunal. Vincent Jeanbrun conteste les faits et affirme sa bonne foi.
De cette instabilité, plusieurs enseignements s’imposent.
Le premier : le secteur immobilier ne peut plus compter que sur lui-même. Les réformes attendues, notamment celles touchant la fiscalité du bailleur privé ou la simplification des permis, risquent d’être reportées, au grand dam des acteurs du logement.
Le second : le sursaut viendra du terrain, de l’action et de l’innovation. Car à court terme, il n’y a guère à attendre d’une action publique tétanisée par la crise politique. Le prochain budget, s’il voit le jour, devrait se limiter à quelques mesures de compromis, sans portée structurelle.
Reste malgré tout une note d’optimisme : le marché de l’ancien confirme sa reprise au troisième trimestre 2025. Selon les réseaux Laforêt et Century 21, les volumes de ventes repartent à la hausse : +8,1 % pour les appartements et +10,1 % pour les maisons par rapport à la même période l’an dernier. Une tendance que confirme Laforêt, avec une progression de 16 % des transactions sur un an.
Un signal encourageant dans un climat politique incertain, et peut-être la preuve que, malgré tout, l’immobilier français garde sa capacité de résilience.